17 février 2021 | Publié par LIEUX MOUVANTS

Retour sur les Journées des Plantes de St Antoine 2020

Les 29 et 30 août derniers, les chemins de Saint-Antoine ont vibré sous les pas de 2800 visiteurs ! Amateurs de jardins, passionnés d’horticulture, curieux et promeneurs, nous ont rejoints à l’occasion de cette 4ème édition des Journées des Plantes.

SAINT-ANTOINE EN FLEURS

Très tôt le samedi matin, ou même, certains dès vendredi soir, les 27 pépiniéristes collectionneurs et les 2 paysagistes invités ont installé leurs productions dans les ruelles du hameau.

Que la passion soit née au cours de voyages autour du monde ou continue une entreprise familiale depuis 5 générations, chacune des pépinières présentes a son histoire propre et sa gamme spécifique. Collections d’iris, d’eucalyptus ou de pimprenelles ont ainsi côtoyé vivaces des sous-bois asiatiques, plantes aromatiques et médicinales, ou encore graminées. Des cactées aux fruitiers, des plantes des prairies américaines aux grimpantes, en passant par les familles de carnivores et par les vivaces en fleur, la gamme végétale était très étendue.

Et c’est ainsi végétalisées et fleuries que les pierres du hameau ont accueilli des arrivants de toute la Bretagne et d’ailleurs.

Les passionnés de jardins et d’horticulture ont été les premiers arrivés. Un peu comme s’ils rattrapaient le « temps perdu » de ces derniers mois passés sans événements horticoles, beaucoup sont repartis avec des coffres remplis de végétaux. (Il a fallu, pour certains, réaliser plusieurs allers-retours pour apporter leurs trouvailles jusqu’à leur véhicule !)

Si le profil des visiteurs était très varié, Sébastien Pasquiou (le Jardin de Gwen) observe tout de même un public plus averti que les années précédentes. Productrice de tisane, Antonella Cane (l’Herbier du Parc Bris) lui fait écho. Elle trouve le public « très informé » et parle d’« un vrai plaisir d’échanger et de partager [sa] passion » !

Quelles plantes pour mon jardin ?

Tandis que certains visiteurs ont pu retrouver des pépiniéristes qu’ils connaissaient déjà, d’autres ont été frappés par la spécificité de la collection de chaque professionnel. Pour d’autres encore, des contacts ont été pris pour des plantations ultérieures, comme avec Stéphane (Arbr’o Fruit) dont les fruitiers se travaillent surtout en automne et en hiver.

Parmi les plants plébiscités, les vivaces en fleur en cette fin de saison ont eu la part belle. Celles aussi au feuillage particulier (comme le Cenecio ‘Angel Wings’ au feuillage gris argenté) et celles aux vertus officinales (comme celle au nom évocateur de pimprenelles -Sanguisorba en latin-) ont été très appréciées.

Les plantes ayant une grande rusticité ont été très demandées. En effet, les étés sont de plus en plus secs et les hivers humides. Alors la question est très souvent revenue : Que planter dans ce contexte ? Quels plants pourraient résister à ces grandes amplitudes météo ?

Pierre Yves Gentric (Pépinière St Lavan), remarque que vivaces et arbustes ont été très demandées, au détriment des arbres qui ont eu moins de succès ! Il est vrai qu’un arbre nécessite de la place pour se déployer … sans tomber sur la maison du voisin. Eh oui, les jardins et les espaces pour planter sont de plus en plus petits. En même temps, avoir un petit jardin n’empêche pas de se régaler à le végétaliser !

C’est dimanche après-midi, que curieux et promeneurs ont été le plus nombreux. Certains sont repartis avec une plante coup de cœur. Ceux qui étaient là pour le plaisir des yeux, sont repartis des images et des couleurs plein les yeux !

 

Quatre temps forts ont rythmé le week-end : chaque demi-journée s’est vue animée par l’une des quatre personnalités invitées. Elles nous ont fait partager leurs connaissances, leurs convictions et / ou leur projet. Chaque intervention s’est conclue sur un long moment de dialogue avec le public. Chacun a pu prendre le micro (désinfecté entre chaque prise de parole, covid oblige !) afin de questionner et d’échanger avec la personnalité du moment.

La scène surplombait la chapelle et les auditeurs ont pu trouver à s’asseoir sur les rochers, sur l’herbe ou sur les bancs.

 

 

Les cycles de la vie

 

Philippe Munier, formateur auto-proclamé, a été le premier à nous rassembler. Nous repositionnant au cœur des cycles qui régissent la Vie sur Terre comme le mouvement des galaxies. Il nous rappelle les bases simples de l’équilibre de la planète dans lequel nous, humains, nous inscrivons.

C’est avec humour qu’il nous parle de choses sérieuses, ou comment l’homme qui se situe en haut de l’échelle animale, est un bipède idiot qui en scie les barreaux.

Il nous rappelle comment de multiples solutions simples et naturelles existent en remède aux maux et aux catastrophes que nous provoquons. Il conclut sur l’importance de s’informer, d’échanger, de former et d’agir. En un mot : s’engager !

Comment se perdre à l’heure du GPS ?

Samedi après-midi, c’est Gilles Clément, architecte paysagiste, qui a pris la parole. Il nous questionne : dans un monde où tout est dirigé, obligé, contrôlé et maîtrisé, quelle place le GPS laisse-t-il à l’errance ? Quid de la liberté de choisir son chemin, d’être dévoyé de notre trajet initial pas l’attirance de quelque chose au loin ? Quid de l’imprévu qui nous mène vers la découverte ? Il existe autant de sensibilités que d’individus. Et donc autant de chemins possibles que de sensibilités. Le véritable voyage n’est-il pas celui de l’errance ?

Alors qu’on asphalte, bitume, néo-nicotinise, qu’on nous guide dans une illusion qui ne fonctionne pas, n’est-il pas temps de remettre les pieds sur Terre et de prendre le risque de cheminer librement ?

 

La jardinomie au 18e siècle

 

Le dimanche, la bruine a fait son apparition en début de matinée. C’est sous la protection de la chapelle et de Saint Antoine, que Monique Mosser nous a accueillis. Spécialiste des jardins du 18ème siècle, elle nous a fait voyager à travers la passion et la fantaisie qui ont animé certains jardins de cette époque à travers l’Europe. Des personnalités connues comme la Grande Catherine, Voltaire, ou le marquis de Girardin ont en effet créé des jardins nouveaux animés par des passions communes. Échanges de graines, de plantes, création de parcours rythmés par les fabriques (cascades artificielles, pagodes chinoises, et autres constructions) : l’expérience du jardin se vit comme un cheminement interactif créateur de catharsis, à la manière du théâtre.

7 siècles de tranquillité

C’est Francis Hallé, « géant descendu des arbres », qui a conclu le week-end en nous révélant son projet magique et un peu fou : la renaissance d’une forêt primaire (rien que ça !). Sur une surface au minimum de 70 000 ha (ce qui équivaut à une surface de 26 km sur 26 km), le projet se résume à « ne rien faire » : laisser la nature, la faune et la flore, suivre leurs cours jusqu’à parvenir à cet équilibre propre aux forêts primaires. Ce projet transfrontalier et transgénérationnel devrait s’étirer sur au moins 700 ans pendant lesquels l’homme devra apprendre à laisser la nature tranquille. Alors que nous vivons dans un monde où l’immédiateté et l’instantanéité font loi, ce projet fédérateur est un véritable challenge !

Des livres et des photos

Entre ces temps d’échanges et de découvertes botaniques, les visiteurs ont pu acheter et/ou faire dédicacer certains livres par leurs auteurs à la table de la librairie Mots et Images de Guingamp.

Une superbe exposition de photos de Benoît L’Hotellier, sur le thème des insectes pollinisateurs du jardin, animait les barrières qui protègent la future halle.

Il a aussi été possible de faire une pause et se restaurer dans un espace extérieur dédié. Comme un mariage de campagne au siècle dernier, tables et bancs ont permis aux uns de se reposer, aux autres de déguster les plats préparés par Nathalie du restaurant Coriandre de Trémargat ou de se régaler des crêpes et galettes d’Esther et de Jean-Yves.

Prolongeons ce week-end

Une évasion hors du site était aussi proposée : la visite du jardin remarquable du Grand Launay avec son créateur, Gaël Boédec. Les visiteurs ont trouvé la visite riche et très agréable. « On sent que le jardin est en lui ». Le résultat de 23 ans de travail. On s’y promène de pièce en pièce, dans un univers onirique qui fait la part belle aux topiaires.
Les alentours du hameau ont ainsi vibré jusqu’aux alentours de dimanche 18h. Toutes les bonnes choses ont une fin… jusqu’à l’année prochaine !

Nous avions presque oublié que nous portions tous un masque !

Propos recueillis par et texte de Claire Chaix