23 mars 2022 | Publié par LIEUX MOUVANTS

Sandrine Le Mevel-Hussenet sera sur scène ce dimanche 27 mars dans le cadre du Printemps des Poètes. Elle traduira les poèmes délivrés en breton par Denez Prigent. Elle a accepté de revenir sur les problématiques soulevés par la traduction de poésie.

Le rythme d’une poésie est important. Respectez vous les mêmes intonations et accentuations que pour les poèmes en breton, ou bien la traduction amène-t’elle un autre rythme ?

Pour répondre à la question qui m’est posée, je dirais qu’effectivement deux langues, ce sont deux mondes, deux univers, deux manières de voir le monde, deux manières de le penser. Une traduction est toujours une trahison, même quand on a la chance de la voir traduite par le poète lui-même, comme c’est le cas ici.

Les images seront les mêmes, et même là, elles n’auront jamais la même signification pour un Breton de culture bretonne que pour un Français de toute autre culture… Quant au rythme, non. Ce ne sera jamais le même. La musicalité non plus. C’est pourquoi, dans ma lecture je ne chercherai pas à « copier » le rythme du texte breton. Ce sera obligatoirement un autre souffle, un autre lieu, une poétique.

L’intérêt de notre duo vient justement des univers différents que nous incarnons : Denez breton, à l’accent de Santec, barde, homme à la voix grave, poète de sa langue de vent et de granit / moi, française, à l’accent aplati du bassin parisien, femme à la voix calme, cherchant peut-être davantage l’eau des mots que leurs chocs de pierres.

Nous allons chercher l’écho des mots, mais pas leur ressemblance.

Selon moi, la lecture de la traduction devra être comme l’ombre de la poésie de Denez. Une ombre qui marche derrière, qui vient après, se place à côté, comme un murmure de traducteur à l’oreille de l’auditeur.

Pour conclure et répondre plus clairement, je dirais donc que « la traduction amène un autre rythme à la poésie » et une tout autre musique.

Merci Sandrine Le Mevel-Hussenet !