La compagnie Indiscernable se produira le samedi 9 juillet au hameau de Saint-Antoine dans le cadre du week-end d’ouverture de Lieux Mouvants.
Ils ont accepté de répondre à quelques questions sur leurs parcours, leurs créations et l’atelier de danse proposé le 9 juillet au matin.
Comment la rencontre entre un saxophoniste et deux danseuses s’est-elle opérée ?
Cette rencontre s’est faite par étape… Mais notre première rencontre à trois fut sur notre tout premier film de danse, réalisé par Sarah, assisté par Robin, et dansé (entre autre) par Sandy. C’était en 2017, et ce film s’appelait Indiscernable. C’est aujourd’hui le nom de notre compagnie.
Vous évoquez les films de danses de votre compagnie… Sont-ils toujours d’actualité ?
Plus que jamais ! Notre compagnie marche actuellement sur ses deux jambes : spectacle vivant avec Dimensions, et audiovisuel avec notre dernière création, Réminiscence. Ce film réalisé par Sarah Kuntz a été tourné sur le site mégalithique de Saint-Just, autre espace remarquable breton. Nous présentons maintenant le film sous forme d’exposition avec son making-of, et une exposition photographique d’Émilie Guilland accompagnée de panneaux descriptifs permettant de mieux s’immerger dans l’univers du film, comme des différents espaces l’ayant accueilli. La philosophie reste la même, amener la danse là où on ne l’attend pas : bibliothèques, espaces d’accueil, musées… A nous de réinventer l’approche du public.
Dans le processus de création, on commence par la musique, la danse ou bien les deux en même temps ?
Ça dépend de l’humeur ! *rire* Après tout ce temps à travailler ensemble sur des films de danse, nous avions très envie de nous retrouver tous les trois sur du spectacle vivant. Les idées étaient larges, chacun est venu avec son bagage… Et tout le plaisir était de s’approprier les propositions de chacun, en musique comme en danse. Parfois en inversant les rôles de chacun !
Comment en êtes-vous venus à créer des spectacles en dehors des salles dédiées à ce genre de performance ?
Le leitmotiv de la Compagnie Indiscernable est “la chorégraphie hors-cadre”. La question de l’espace accueillant la performance est au cœur de nos réflexions depuis le début, et nous défendons d’ailleurs une mission de valorisation du patrimoine dans notre démarche. Lorsque nous avons commencé la création du spectacle Dimensions, deux piliers portaient nos réflexions : l’objectif était de créer un spectacle qui s’adapte à son environnement pour en proposer une nouvelle lecture, patrimoine exceptionnel comme espace public quotidien. L’autre engagement était de mélanger musique et danse, sans jamais rester chacun de notre côté.
Comment travaille-t-on un spectacle qui par essence est changeant selon chaque lieu ?
Nous n’avons pas fini de trouver la réponse à cette question ! *rire* C’est un des points essentiels dans le processus créatif, en tant que chorégraphe/compositeur ou interprète. L’idée est d’avoir une trame sur le principe de “tableaux”, des scènes qui déroulent une histoire, un ressenti progressif dans notre travail en salle… Mais avec la possibilité de parfois les interchanger en fonction du lieu, d’en enlever ou d’en ajouter en fonction de l’énergie nécessaire à l’espace qui nous accueille. Sans compter les adaptations des scènes elles-mêmes en fonction de l’espace et de ses intérêts spécifiques. Cela impose en permanence de se réinventer, et de trouver le sens que l’on donne à chaque adaptation. Faire un changement pour le principe n’a aucun intérêt, l’importance est de toujours se demander “pourquoi”, ainsi que le sens que l’on donne à ces modulations, à l’échelle de la scène comme du spectacle global. Tous les artistes vous le diront, il est fondamental de retrouver l’énergie d’une première à chaque représentation, de ne pas tomber dans une routine. Avec Dimensions, nous avons trouvé un excellent moyen d’y parvenir !
Quel a été votre ressenti en adaptant Dimensions à Saint-Antoine lors de votre résidence ?
Comme nous venons de l’évoquer, chaque performance est ressentie comme une première, avec son lot de questions… C’est pourquoi il est fondamental d’avoir le temps de nous approprier l’espace qui va nous accueillir. Avec Lieux Mouvants, nous avons été comblés : 3 jours de résidence afin d’être imprégnés de l’univers de Saint-Antoine, c’était l’idéal ! La plus forte impression est dûe à un élément purement factuel : notre première date en plein air, entourés de nature. Cela change beaucoup de choses dans l’énergie, et ce fut un bonheur.
Le deuxième élément est plus anecdotique, mais a certainement eu un impact dans notre vécu et notre travail : un lieu d’une plénitude complète, coupé du reste du monde, sans réseau. Cela existe encore. Dans une société où tout s’accélère, nous avons vécu un moment en suspens. Il ne nous reste plus qu’à offrir un spectacle qui transmette cette émotion au public.
Vous proposez un Atelier Danse en ouverture du festival. Pouvez-vous nous en dire plus sur son déroulé ?
En effet, et c’est encore une grande première pour ce spectacle ! Cette envie découle de la nature de notre projet : ne pas attendre que le public se déplace en salle, mais venir le chercher dans des lieux qui n’y étaient pas prévus. Le déroulé de cette réflexion nous a amené naturellement à cette proposition d’atelier. Quitte à venir chercher le public, autant le faire jusqu’au bout, l’intégrer à notre formation… Et pourquoi pas participer activement à une partie du spectacle !
Le temps d’une matinée, nous souhaitons donc partager notre travail avec ceux qui le souhaitent : échauffement du.de la danseur.se, découverte chorégraphique, rythmique et vocal en lien avec le spectacle… Tout cela avec la même volonté que pour le spectacle : être adaptable et ouvert à tous les publics, néophytes comme plus confirmés, ainsi qu’au public en situation de handicap.
Pourquoi faut-il donc absolument s’y inscrire ?!
Parce qu’entrer de l’autre côté du spectacle auquel on va assister plus tard n’est pas une expérience si fréquente ; parce que cela offre une nouvelle perception de ce que l’on verra par la suite ; parce que prendre part à une création professionnelle le temps d’une journée ouvre le champ des possibles… Et tout simplement parce que prendre le temps, pour soi, de ressentir de nouvelles sensations dans un cadre formidable le temps d’une matinée est toujours le meilleur moyen de démarrer une journée.