EXPOSITIONS
Erwan Le Bourdonnec
8 juillet au 27 août
HAMEAU DE SAINT-ANTOINE (LANRIVAIN 22)
- Installations
Erwan Le Bourdonnec
Corps célestes semble jouer avec nos représentations du ciel.
3 panneaux de mousse d’aluminium, techniques mixtes, piétements en pin douglas
244 x 122 x 244h chaque
2012 – 2022
Corps célestes semble jouer avec nos représentations du ciel.
Serrés entre deux piétements de bois naturel, trois larges panneaux métalliques présentent des doubles disques, recto-verso. Le spectateur pourra y voir des cartes des étoiles, cercle boréal et cercle austral. Il y verra des représentations d’une vision binoculaire, comme une vue vers l’horizon à travers des jumelles, ou encore les deux faces de la Lune (celle toujours visible et celle cachée). Il y verra aussi deux cercles d’or – à l’image d’un soleil dédoublé.
Si cette œuvre convoque tout ça simultanément, elle n’en reste pas moins une oeuvre qui joue avec la lumière naturelle du site où elle est installée. Orientée Est Ouest, elle varie avec les lumières changeantes du jour, offrant trois véritables capteurs météo-sensibles…Corps célestes joue avec la course du soleil, les ombres des arbres, les lumières changeantes.
Les panneaux reprennent aussi la forme ∞du plan de la halle du village Saint-Antoine, dessinée par Erwan Le Bourdonnec et mise en œuvre par les architectes Anne et Tangi Rubin.
Si les Corps célestes font un clin d’œil à l’histoire du Land Art et à certaines pièces minimalistes du XXème siècle, elles replacent surtout le corps du spectateur face aux trois corps célestes qui conditionnent toutes nos existences. Terre Lune et Soleil composent la matière de nos calendriers, et rythment nos propres cycles de vie.
Plutôt que de se placer dans l’Histoire des œuvres qui continuent de “représenter” le monde et nos idées anthropocentrées (les batailles, les annonciations, les découvertes, les effondrements…) elles proposent au spectateur de ralentir, de goûter le temps (celui passe et celui qu’il fait). Les Corps célestes se présentent comme des surfaces photosensibles, révélateurs des lumières que nos propres corps traversent.
Note : Comme dans de nombreuses installations de l’artiste, les matériaux employés sont principalement issus de récupération, de déconstruction ou de surplus de projets architecturaux. Il accepte aussi que ses œuvres ne soit pas pérennes, qu’elles se patinent avec le temps. Quand les installations sont éphémères, les matériaux sont réemployés ou recyclés. Souhaitant réduire son empreinte écologique, cela fait plusieurs années qu’Erwan Le Bourdonnec privilégie des matériaux naturels, prépare ses propres supports, peint ou dessine sur du bois, des toiles brutes…
Histoire du ciel (peint) propose un voyage dans l’histoire de l’art, et plus particulièrement celle de la peinture.
Cartes postales – reproductions d’œuvres muséales
Crèmes à dorer et patines sur papiers – divers formats
2017 – 2023
Histoire du ciel (peint) propose un voyage dans l’histoire de l’art, et plus particulièrement celle de la peinture. Depuis 2017, Erwan Le Bourdonnec a collecté des cartes postales, petites reproductions d’œuvres des Musées qu’il a visité. Cette série de dessins augmente et continue de s’enrichir depuis, avec la contribution d’amis voyageurs, dans le monde entier…
L’artiste intervient directement sur ces supports, par différentes opérations (ponçage du pelliculage et recouvrement d’ors et d‘argents), pour ne laisser voir que la forme du ciel et/ou son reflet dans l’eau. Il réalise ainsi un inventaire, une sorte d’atlas subjectif de “paysages” peints où disparaissent tous les sujets (portraits, mythologies, intérieurs, événements historiques et autres apparitions…). Il ne reste que les formes abstraites, parcellaires, parfois maigres, où figure le ciel.
Sur chaque dessin, l’or des cadres semble avoir migré vers l’intérieur de l’œuvre elle-même. L’or a deux fonctions sur les encadrements des chefs-d’œuvre de l’histoire de la peinture présentés dans nos musées. Elle contribue à valoriser l’œuvre elle-même, lui donnant un statut de préciosité, et elle isole l’œuvre de son contexte d’accrochage, lui assurant un espace chromatique et lumineux qui lui est propre.
C’est avec cette double observation que l’artiste décide de recouvrir tout ce qui ne relève pas de la représentation du ciel. En effet, dans cette histoire picturale, le ciel est rarement le sujet principal. Il est régulièrement le fond, le décors théâtral (avec plus ou moins de profondeur atmosphérique) pour la scène placée devant. Il est la toile d’inscription d’une annonciation, d’un bateau dans la tempête, réduit à une “veduta”, une fenêtre tableau en fond de pièce… Par ces opérations simples et ce protocole répété, Erwan Le Bourdonnec ne se pose pas comme un iconoclaste irrespectueux. Il aime les œuvres qu’il revisite, et respecte scrupuleusement le dessin de chaque reproduction.
Par retrait, à la manière des opérations faites pour sa série Avel Sonn (2005) où le silence de l’architecture donnait une forme aux ciels, cette série en révèle les formes, comment elles apparaissent dans l’histoire de la peinture. Le ciel prend forme, entre le bord de l’œuvre elle-même (la coupe du cadre) et la découpe des arbres, architectures, figures… On mesure ainsi la place qui lui est faite, son rôle dans la composition, on s’amuse aussi à essayer de reconnaître l’œuvre originale !A la manière des “shaped canvas”, un vocabulaire de formes abstraites émerge, débarrassé des autres sujets, comme si l’artiste voulait faire silence, se débarrasser du bruit de notre monde anthropocène, et ne garder que l’essentiel… ce qui nous dépasse et nous survivra ? L’air de rien, dans cette proposition revisitée des vanités, Erwan Le Bourdonnec replace le spectateur seul face aux mondes. Quand il donne à voir la place et la forme que les peintres laissent à l’air et aux nuées, il révèle aussi le milieu dans lequel nous vivons.
Il participe à la rencontre du dimanche 16 juillet avec Paul Ardenne et les autres plasticiens invités.

BIOGRAPHIE
Erwan Le Bourdonnec est né à Rouen en 1973.
Il vit et travaille à Rennes depuis 2019. Il enseigne le Design d’Espace en Diplôme Supérieur d’Arts Appliqués, au LAAB de Bréquigny.
Il a étudié les fondamentaux du dessin et de la peinture dans l’atelier de Denis Godefroy à Rouen jusqu’en 1991. A Paris pour ses études, il est successivement diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d’Art (Olivier de Serres) en 1993, de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD) en 1995, et de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris La Villette en 2000.
Après avoir travaillé pour Charles Zana, il rencontre Elliott Barnes et Andrée Putman en 1997 et se spécialise dans la conduite de projets aux USA : scénographies d’expositions, collections de mobiliers, et appartements.
En 2005, il s’oriente vers l’enseignement. Professeur agrégé en arts appliqués, il enseigne le Design d’Espace pendant 10 ans à l’Ecole Boulle.
En 2012, il ouvre La Tannerie au public, lieu d’art contemporain dont il co-dirige la programmation des expositions et des résidences via l’association ADER.
De 2016 à 2019, il a vécu et travaillé à Rio de Janeiro, au Brésil. Il y a produit et organisé trois expositions collectives (lors de la Design-week de Rio, avec des designers des Ateliers de Paris, ainsi que deux expositions des artistes de La Tannerie…). Dans la même période, il a exposé son travail personnel dans trois grandes expositions (pour la Nuit Blanche au Mac Niteroi d’Oscar Niemeyer, pour Arte Monumental à la Marina da Gloria, et pour la Semaine du Dessin au Musée d’Histoire National).
Dans son travail de plasticien, par différents médiums et installations, Erwan Le Bourdonnec observe, inventorie, dessine, reporte, peint et construit les différentes formes du ciel. Il interroge la perception que nous en avons : culturelle et construite, sensible et intuitive.
En 2017, il entreprend un impossible projet : l’Atlas des formes du ciel.