Jean-Michel Le Boulanger

“Jean Schalit était quand même un drôle de personnage. Sa volonté inflexible et souriante, enthousiaste, déterminée, totalement déterminée, pouvait vous conduire à des situations bien surprenantes…

C’est ainsi qu’un jour ensoleillé de l’été 2019 j’ai présenté au festival Lieux Mouvants un livre qui n’existait pas. Expérience insolite, à l’ombre d’un arbre, sur une chaise branlante. Parler d’un manuscrit en gestation, un premier roman qui peut-être, peut-être, verrait le jour, un jour…

Jean Schalit m’a amené là, à Saint-Antoine, aux lisières de mes possibles impostures, à livrer mes doutes, ne sachant même pas si je parviendrais au bout de mes peines, et je crois bien qu’il s’en amusait.

Cette journée, cette épreuve, m’a obligé et cent fois sur le métier, j’ai remis l’ouvrage. En avoir publiquement parlé interdisait toute halte et tout abandon. J’étais coincé. Il fallait aller au bout du chemin.

Depuis, ce roman, Des Printemps en Bretagne, a été publié, aux Éditions Goater, il a été salué, il vit sa vie et c’est avec lui que je suis heureux de revenir à Saint-Antoine, le 22 août, retrouver le sourire, forcément goguenard, de Jean Schalit. Ce roman lui doit beaucoup et il le sait. Il sera là, c’est sûr.

L’occasion aussi de retrouver un ami, un frère, Yann-Fañch Kemener. Il me manque. Il nous manque. Il sera là, lui aussi, dans le souffle du vent, dans les herbes de Saint-Antoine, courant vers Toul-Goulic, de roche en roche, jouant avec les eaux du Blavet qui bientôt borderont les terres de Sainte-Tréphine, son berceau et son linceul, avant de nous rejoindre pour écouter Clément Le Goff et les siens. Oui, il sera là, avec son cortège d’ombres et de voix, avec les chants, les songes et les rêves des paysans et des poètes du pays, il sera là, et nous aussi…”

Jean-Michel Le Boulanger